Meurtres et tarte au citron meringuée by Joanne Fluke

Auteur:Joanne Fluke [Fluke, Joanne]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier, Littérature américaine
Éditeur: Le Cherche Midi
Publié: 2021-09-23T11:51:10+00:00

Hannah regarda sa montre en arrivant devant la clinique dentaire Rhodes. Bien qu’elle ait fait un détour pour livrer la commande de Loretta, elle était en avance de vingt minutes. Sans se presser, elle descendit de son break, verrouilla les portières et pénétra dans la salle d’attente. On entendait des voix dans le fond. Norman était occupé avec un patient. Au lieu de s’asseoir et de feuilleter des magazines qui ne l’intéressaient pas, Hannah décida de ressortir et de pousser jusqu’au drugstore central, cinquante mètres plus loin, pour échanger quelques mots avec l’ancien employeur de Rhonda, Jon Walker.

Les ondes de chaleur faisaient trembler l’air au-dessus du bitume. Il n’y avait pas un chat sur Main Street et c’était compréhensible. Quiconque ayant un doigt de jugeote s’était réfugié entre quatre murs, rideaux tirés, ventilateur à fond. Il faisait si lourd que Hannah se prit à souhaiter que le conseil municipal de Lake Eden institue la sieste obligatoire, au moins jusqu’à la fin de la canicule.

Le trottoir était craquelé par endroits. Tout en marchant, Hannah se surprit à enjamber une fissure, puis deux. Quand elle était enfant, sa grand-mère Ingrid lui disait que si elle posait le pied dessus, elle casserait le dos de sa mère. Cette superstition avait dû s’inscrire dans son subconscient. Elle n’y croyait pas et n’y avait sans doute jamais cru, mais vingt-cinq ans après, elle faisait toujours bien attention à ne pas marcher sur les fissures du trottoir.

Un grand ventilateur sur pied brassait l’air moite à l’entrée du drugstore. Hannah dut le contourner pour passer. Comparés à la clarté du soleil, les néons du magasin lui parurent bien pâles. Au bout de trois ou quatre pas, elle dut même s’arrêter, le temps pour ses yeux de s’accommoder. Quand ses iris eurent accompli leur tour de passe-passe, lui permettant de repérer de nouveau les obstacles, elle vit qu’elle était devant le rayon confiserie et s’empressa de bifurquer vers celui des peluches.

« Bonjour, Hannah », lança une voix féminine qu’elle situa vaguement derrière un comptoir plongé dans une demi-pénombre.

Elle finit par reconnaître Linda Nelson et la salua d’un geste.

« Bonjour, Linda. J’ignorais que tu travaillais ici.

— Je remplace Beth Halverson pendant quelques jours. Elle a décroché une bourse pour un camp scientifique. »

Hannah hocha la tête. Beth était la joueuse de piccolo dont l’absence au sein de la fanfare du lycée Jordan se faisait si douloureusement sentir.

« Il faut que je parle à Jon. Il est ici ?

— Oui, côté pharmacie. Suis-moi, je vais lui téléphoner. »

Hannah s’avoua surprise. La dernière fois qu’elle avait demandé à voir Jon, l’employé s’était contenté d’ouvrir la porte et d’appeler son patron.

« Pourquoi faut-il que tu lui téléphones ?

— C’est nouveau. Personne n’a le droit de pénétrer dans les rayons de la pharmacie et la porte doit rester fermée. Si quelqu’un demande M. Walker, je le préviens par téléphone.

— Vous avez été cambriolés ?

— Je n’en sais rien. M. Walker nous a donné les nouvelles règles quand nous sommes arrivés vendredi matin. Il n’a pas fourni d’explication.

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